Histoires et ressources de vie : ils témoignent

Cette rubrique nous offre des regards croisés de personnes ayant des antécédents de cancer(s), d’aidants qu’ils soient de l’entourage proche (famille, amis…) ou d’aidants professionnels de santé voire d’acteurs de la société civile.  En toute sincérité, ils nous livrent librement leur parcours de vie. Malgré les difficultés d’ordre psychologique, sociétal, familial ou d’impact sur la santé après la phase des traitements intensifs qu’ils ont pu rencontrer ou dont ils sont témoins, ils retracent des ressources réconfortantes qui font partie de leur quotidien. Ces parenthèses de vie, ces bouffées d’air donnent toute la force à leur vie.

« Les soins de support : une expérience unique, intime, un profond et déterminant rendez-vous avec soi »

Isabelle

Ma vision

Chaque femme et chaque histoire de vie sont différentes. Le dénominateur commun est que la maladie de cancer heurte de plein fouet le cours d’une vie, la fragilise. Il faut suggérer à chacune et la convaincre que les ressources internes ou externes à l’établissement de soins où elles sont soignées peuvent être des points d’appui, des respirations pour continuer. C’est une expérience unique, intime, un profond rendez-vous avec soi et qui va déterminer ce que l’on veut ou ne veut pas devenir ensuite. Toutes les propositions d’activités, d’aides et de bien-être y concourent.

Les répercussions vécues de la maladie pendant et après la fin des traitements de cancer

Comme accompagnatrice en santé d’un Espace de Rencontres et d’Information ayant accompagné des femmes atteintes de cancers au sein, j’avais pour mission d’accompagner les personnes malades à chaque étape de leur parcours de soins. Notamment, je proposais des ateliers de sophrologie, d’activité physique adaptée, de soins capillaires, d’éducation thérapeutique sur l’hormonothérapie, des groupes de paroles et des colloques sur des sujets tels que la reprise du travail, la reconstruction mammaire. Les femmes qui y adhéraient me rapportaient le bénéfice de ces activités qui leur permettait de rompre l’isolement. Echanger avec d’autres femmes concernées, crée une force et une solidarité commune.

Mais les femmes éloignées de leur lieu de soins peuvent aussi trouver plus à proximité de leur domicile des associations nationales dédiées comme la Ligue Contre le Cancer qui propose des activités « itinérantes » au plus près de chacune ou nombre d’associations locales. Je pense au Pink Dragon Ladies ou les femmes peuvent pratiquer la rame adaptée en collectif, en eau douce ou en mer.

Actuellement, j’anime des Cafés Donna à Nantes, mis en place par l’association Europa Donna forum France dont je suis bénévole … Le sujet de l’après cancer est une préoccupation majeure des femmes.

Le retour au travail est une nouvelle épreuve pour bien des femmes. La vie des entreprises évolue très vite et le regard des autres, ajouté à la crainte de ne pas y arriver, sont souvent des points d’angoisse. Des séquelles résiduelles à une intervention et des traitements lourds peuvent gêner une reprise du travail antérieur, tant physiquement que psychologiquement. Certaines anticipent ce retour en gardant un contact permanent avec leurs collègues, voire leur hiérarchie, ce qui peut être facilitateur. À l’inverse, d’autres se sont vues remplacées et ostracisées. Là encore chaque situation est particulière et n’est pas corrélée à la taille de l’entreprise ou à un quelconque secteur d’activité.

Il est important d’anticiper ce retour avec la médecine du travail – le CHSCT s’il y en a un – ou grâce aux ateliers de reprise du travail proposé par la Ligue. Le recours au temps partiel thérapeutique permet de reprendre progressivement son activité et d’évaluer ses possibilités. Encore faut-il que l’employeur l’accepte.

Mon message

On peut transformer sa vie à l’épreuve du cancer. Pour cela, il faut une écoute des soignants à chaque étape, savoir utiliser les ressources mises à disposition. Par ailleurs, les femmes doivent exprimer ce qu’elles souhaitent et ce qu’elles refusent. Les institutions doivent aussi se remettre en question et la législation évoluer encore en regard et en actes au profit des patientes plus jeunes qui ont toute leur vie à poursuivre.

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